Vendredi après-midi, 15 heures. J’ai deux chiennes
dans le jardin. Ma belle-famille est en visite et a emmené sa chienne jusque
chez moi pour la faire sortir un peu. Elle est encore jeune, et du haut de ses
4 ans pleine d’énergie. Ma chienne, Noiraude, a douze ans et s’offusque de la
moindre visite de sa jeune compagne, Brunette. Bien-sûr cela ne lui convient
pas que je la laisse dehors avec la brune. Elle commence donc à aboyer pendant
que je prends un café en bonne compagnie. Nous n’y faisons plus vraiment
attention, habitués que nous sommes aux caprices canins. Au milieu de la
conversation, le téléphone sonne. Un numéro du village, je décroche. Ce pourrait
être un parent d’élève qui veut se plaindre ou me féliciter (ce que je crois
moins plausible). Une voix masculine demande, sans préambule : « Je
suis bien chez Mme Machin ? » Méfiante je deviens : « Oui ».
Ce n’est généralement pas bon signe de recevoir un coup de fil qui ne commence
pas par un « bonjour ! » sonnant et trébuchant… « Ça fait
une demi-heure que votre chien aboie dehors, vous ne pouvez pas le faire
rentrer ? »
Je sais que parfois il m’arrive d’avoir des mots durs
pour ma Noiraude, mais qu’une personne vienne la critiquer et cette dernière
risque de s’en prendre plein les dents. Je devine d’où vient l’appel. Nous
avons un nouvel immeuble juste à côté de chez nous depuis quelques années, un
immeuble qui se rapproche d’une maison de retraite, avec ascenseurs qui va
jusqu’au parking souterrain et une flopée de personnes âgées pensant trouver un
quartier tranquille. Mais en fait, elles se retrouvent entourées d’un terrain
de tennis, d’une salle de sport, d’un jardin d’enfants et de maison où la
population a rajeuni ces dernières années, c’est-à-dire où l’on a pu constater
une croissance des naissances, des poussettes et des cris joyeux ou tristes de
mômes pas toujours regardant sur la tranquillité des voisins. Nous faisons partis
de cette dernière catégorie au grand dam de nos chers voisins. Comptez en plus
la chienne qui se fout des horaires de sieste des vieux et voilà les ententes
de bon voisinage très compromises. Cela faisait quelque temps que j’attendais
une action de ce genre du voisin le plus haut placé (avec vue sur les jardins
alentours en plus du plaisir des nuisances sonores). L’été dernier j’ai déjà
entendu quelques commentaires désobligeants semblant venir de cette direction.
J’ai bien sûr fait semblant de ne pas comprendre.
Donc, réponse claire et nette de ma part : « Non,
je ce n’est pas possible en ce moment. Au revoir ! » : J’ai en
plus joué la vilaine en raccrochant sans attendre de réponse de mon cher
voisin.
Bien sûr, j’aurais pu lui être agréable et tout de
suite me plier à ses exigences. Mais là son « moi-adulte-critique » a
fait appel à mon « moi-enfant-rebelle » et le résultat a été que j’ai
laissé les chiennes dehors 5 minutes plus longtemps que prévu. Une fois
Brunette partie et Noiraude rentrée, et ce malgré une brise insistante, j’ai
laissé ma porte ouverte avec quelques morceaux de musique de mes années « rock
voire hard-rock » à donf !
Je ne suis pas fan de bon voisinage avec des personnes
qui ne prennent même pas la peine de venir se présenter quand elles emménagent
juste à côté. Autre tare : il siffle sur son balcon à des heures pas
possibles : oui, oui, il trouve la résonance en réverbération avec la salle
de sport tellement jolie qu’on a le droit à des sifflements intempestifs sans
mélodie aucune chaque fois qu’il mais le nez dehors sur son balcon surplombant
notre petit jardin où notre toutou donne de la voix. Alors pour une fois, j’ai
joué la conne et je me suis fait un ennemi de mon cher voisin…
Prochain épisode au retour de vacances quand nous
aurons le plaisir de faire aboyer notre Noiraude, une Noiraude explosant de
joie parce que nous ne l’aurons pas abandonnée chez sa gardienne. Attention vos
oreilles, cher voisin !
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