17.11.2015
Deux jeunes filles entrent dans le wagon. Je ne les
vois pas mais je les entends très bien tellement elles parlent fort. Elles
demandent si les places qu’elles convoitent sont libres. À leurs voix enjouées
et un léger accent, je me dis qu’elles sont ouvertes sur le monde,
enthousiastes, baroudeuses. Elles engagent la conversation avec les deux
personnes âgées assises en face d’elles. Elles racontent qu’elles sont
australiennes. Elles rient beaucoup. Puis petit à petit elles mènent la
conversation. Cela commence tout innocemment avec une réflexion sur Noël et le
fait qu’elles aimeraient voir la neige. Dans mon coin, je me dis : « Bon
courage ! Cette année avec un mois de novembre aussi doux et pratiquement
aucune pluie, ça m’étonnerait que vous la voyiez à Noël ». Elles en arrivent à
parler famille. J’entends les vieux parler de leurs petits-enfants. Je pense qu’ils
montrent une photo en entendant l’exclamation « Oh comme ils sont
mignons ! ». Et finalement, la conversation prend une tournure qui me
glace un peu. Une des jeunes filles demande innocemment : « Je peux
vous poser une question un peu personnelle ? À quoi croyez-vous ?
Est-ce que Dieu existe ? » C’est la vieille dame qui répond : « Oh
oui, bien sûr. Je crois que tout le monde a le même Dieu. » Ensuite, elles
commencent à parler Bible et Coran. Là les voix se font moins audibles et je ne
saisis pas tout.
On arrive à la gare suivante. Les deux jeunes filles
se préparent à sortir mais juste avant de partir elles tiennent à offrir un petit
cadeau au vieux couple. Je ne vois pas le présent mais à la discussion qui suit
entre les deux personnes âgées, j’imagine bien un prospectus pour une église
quelconque.
Je suis déçue. C’était trop beau pour être vrai. À
leur arrivée j’ai vraiment cru à cette fable d’échange amical et désintéressé
de personnes partageant le même compartiment. J’étais même un peu jalouse de ne
pas être plus communicative envers mes voisin.e.s. Finalement, elles cherchaient
à embobiner et recruter.
J’imagine un monde sans religions… ou plutôt un monde
où il serait possible qu’elles foutent la paix à ceux qui n’en veulent pas, ne
croient pas…
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